2019
L'atelier spéculatoire
Polyptyque rassemblant 5 pièces distinctes, pensées ensemble et en rapport avec leur lieu de présentation.
Certaines étaient appuyées par des textes analytiques mis à disposition,
parmi une dizaine d'éditions et d'autres ouvrages complémentaires à l'ensemble.
Présenté dans l'alors Salle de dessin,
aux Beaux-arts de Paris, le 18 juin 2019.
Vues d'accrochages.
Page consacrée dans le catalogue des diplômé-es de la session, avec un texte critique de Camille Paulhan :
Surtout, ne pas se fier aux images de Paul Rezakhanlou: elles agissent littéralement comme des leurres, et cherchent à nous hameçonner et nous confondre. Son polyptyque de diplôme, L’atelier spéculatoire, se présente comme une immense fresque mêlant photographies, retouches, imagerie 3D et mystérieuses grisailles. En dépit de leur apparence unifiée, polie voire – si l’on pouvait utiliser ce terme pour évoquer des images – glabre, celles-ci se révèlent à multiples tiroirs. Paul Rezakhanlou s’est chargé d’une tâche ardue :
proposer une réflexion sur ce que pourrait vouloir dire être artiste aujourd’hui et quel lien entretenir face à ses représentations. L’un de ses autoportraits, qui reprend Bonjour Monsieur Courbet, a remplacé la figure du mécène par un téléphone dernier cri; dans un autre, il se montre se soignant lui-même, tel une sainte Irène contemporaine. Ses personnages ont ceci de singulier qu’ils refusent de s’offrir directement à nous : de dos, yeux baissés ou endormis, ils se dérobent constamment, refusant un certain rapport complaisant à la contemplation.
Les dunes, oeuvre la plus minérale de la série, vient peut-être donner quelques clés de lecture aux métaphores énigmatiques de Paul Rezakhanlou : le panorama normand aperçu depuis une vaste baie vitrée paraît à première vue parfaitement inoffensif, d’un calme olympien. Mais tout ici n’est que mirage, un appât constitué de fusions de paysages existants, afin de nous amener à l’oeil du cyclone de l’image, constitué par la seule fenêtre ouverte. Là, pas d’écume, ni de vagues ou de nuages rassurants. Mais un miroir noir, allégorie d’un espace mental atrabilaire, où même le vent ne semble plus pénétrer.